Les trois lois de Clarke
Le grand auteur de science-fiction Arthur C. Clarke à qui l’Unesco décerna en 1962 le prix Kalinga pour sa contribution à la vulgarisation et la diffusion de la science ; nous a laissé en héritage ces trois lois, connues sous les « Trois lois de Clarke » :
« Quand un savant distingué mais vieillissant estime que quelque chose est possible, il a presque certainement raison ; mais lorsqu'il déclare que quelque chose est impossible, il a très probablement tort. »
« La seule façon de découvrir les limites du possible, c'est de s'aventurer un peu au-delà, dans l'impossible. »
« Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie. »


Parmi les 14 innovations considérées dans une étude réalisée en 2015, le délai moyen entre l'invention et la commercialisation à grande échelle est de … 39 ans.
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Source :
Innovation timelines from invention to Maturiy - UKERC Technology and Policy Assessment, 2015


Les technologies les plus profondes sont celles qui disparaissent. Elles se faufilent dans le tissu de la vie quotidienne jusqu'à en être indissociables.


La meilleure - peut-être le seule ? - mesure réelle et directe de « l'innovation » est le changement du comportement humain.
Des marques établies comme Sony, Canon et JVC étaient mieux placées que Nick Woodman (fondateur de GoPro) pour mettre sur le marché une action camera.
Pourquoi ils ne l'ont pas fait tôt, personne ne le sait vraiment. Il y a des théories.
Les cycles de développement du concept au marché sont très longs dans une grande entreprise avec une réputation à protéger, un chiffre d’affaires à préserver et des actionnaires à satisfaire. Cette incapacité (ou réticence) à passer à la vitesse supérieure et à agir plus rapidement, fait que les grandes entreprises très hiérarchisées ont du mal à répondre aux ...


La loi d'Amara nous dit : « Nous avons tendance à surestimer l’incidence d’une nouvelle technologie à court terme et à la sous-estimer à long terme. ».
Prenons l’exemple du GPS :
Le GPS est aujourd’hui dans la phase qu’Amara appellerait le plateau ou long terme. La technologie s’est immiscée dans nos vies quotidiennes près de 40 ans après son invention. Nous l’utilisons pour suivre nos performances sportives, ou pour calculer un itinéraire ; les gouvernements l’utilisent pour surveiller les détenus en liberté conditionnelle ou anticiper des attaques des requins ; les agriculteurs pour déterminer les variétés des graines à planter ; les entreprises pour observer leurs flottes etc. Et demain, nous serons tous conduits d’un point A à un point B dans un véhicule entièrement autonome, qui suivra un itinéraire calculé grâce au GPS.
Et pourtant, avant cela :
Aucune des ces utilisations n’avaient même été pensées. En 1978 quand le premier satellite fut lancé par le département de la Défense des États-Unis, son objectif était de permettre le réapprovisionnement précis des munitions sur le théâtre des opérations dans lequel l’armée était engagée. Mais le projet faillit être abandonné à plusieurs reprises pendant les années 1980, et il ne devint que réellement un succès lors la première Guerre du Golfe en 1991. C’est après plusieurs autres succès que son utilitée fut reconnue par l’armée. En 1995, le déploiement des 24 satellites (31 aujourd’hui) opérationnels est achevé.
C’est pendant les années 2000 et sous l’impulsion de Bill Clinton que la technologie se démocratisera.
La loi d’Amara est reconnue pour représenter parfaitement le « Cycle du hype ». Elle encourage aussi les parties prenantes à réfléchir sur les effets à long-terme de la technologie, ceux-ci étant souvent difficilement appréhendables et à priori très obscurs.
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Source et adaptation :
Rodney Brooks, Intelligence Artificielle, La machine à fantasme, Courrier International n°1416-17-18, 2018
Cycle du hype, Wikipedia, consulté le 12.03.2018